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Les étudiants en médecine redoutent la hausse des admissions dans les facultés

5 septembre 2022

La Coalition Avenir Québec (CAQ) proposait la semaine dernière d’augmenter les
admissions en médecine de 660 places sur 4 ans. Cette proposition fait suite à
celle du Parti Libéral du Québec (PLQ) qui souhaite quant à lui augmenter les
admissions en médecine de 1000 places sur 5 ans. Ces augmentations font partie
d’une plus grande stratégie voulant contrer la pénurie de main-d’œuvre en santé et
assurer un meilleur accès à la première ligne de soins, notamment en garantissant
un médecin de famille à tous les Québécois.

En tant qu’étudiants en médecine, l’accès aux soins et la pénurie de main-d’œuvre
sont au cœur de nos préoccupations pour l’avenir du système de santé québécois.
Toutefois, nous sommes soucieux de la faisabilité de l’augmentation suggérée, qui
risque de compromettre la qualité de l’éducation médicale au Québec. Les facultés
de médecine font déjà face à une hausse historique du nombre d’admissions, soit
une augmentation de 26,5% de 2019 à 2025. Nous craignons que la saturation des
milieux de stage nuise à la quantité et à la qualité de l’exposition clinique dont
bénéficieront les apprenants en médecine, un enjeu que les investissements promis
peuvent difficilement solutionner.

Nous sommes également d’avis que la hausse des admissions en médecine doit
impérativement s’accompagner d’une hausse équivalente des postes en résidence
pour assurer la rétention des effectifs médicaux dans la province. À cela s’ajoute
le défi de convaincre les nouveaux étudiants en médecine de l’attrait de la
médecine familiale, ce qui s’est avéré difficile dans les dernières années. En 2022,
ce sont respectivement 75 et 65 postes de résidence en médecine de famille qui
sont restés vacants à l’échelle du Québec. La plupart des postes non comblés se
situaient en régions éloignées ou semi-éloignées. Considérant la difficulté actuelle
de recruter des médecins résidents pour pratiquer en région, l’enjeu semble encore
une fois en lien avec l’attractivité de la pratique en région plutôt que le simple
manque d’effectifs médicaux.

Nous invitons donc les partis politiques à ne pas sous-estimer les enjeux
fondamentaux que sont la valorisation de la médecine en région et de la médecine
de famille dans leur réflexion sur la hausse des admissions en médecine au Québec.
À cet effet, la Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ) avait déjà
proposé aux élus en 2020 de bonifier la cote R des étudiants en provenance des
régions pour favoriser leur admission, de créer des contingents d’étudiants
provenant des régions semi-éloignées et éloignées et de rendre obligatoires les
stages en milieu rural pour tous les étudiants en médecine du Québec. Nous avions
également proposé plusieurs mesures pour favoriser l’attrait des étudiants vers la
médecine de famille, dont le développement des programmes de compétences
avancées ainsi qu’une diversité et une flexibilité des activités médicales
particulières.

Par ailleurs, les médecins ne peuvent et ne doivent pas être la seule porte d’entrée
vers le système de santé. Les partis politiques doivent miser sur la création de
contextes organisationnels où le potentiel clinique de chaque professionnel de la
santé est optimisé dans l’exercice de son expertise spécifique. Pour une réelle
approche interdisciplinaire en santé, la FMEQ suggère aussi d’inclure les services
offerts par les professionnels de la santé autres que les médecins au panier de
services couverts par la Régie d’assurance maladie du Québec (RAMQ).

En conclusion, la hausse des admissions en médecine telle que proposée par
certains partis politiques nous semble déraisonnable vu la situation déjà critique
dans les milieux d’enseignement médical. Plus encore, nous croyons fermement
que sans actions concrètes pour la valorisation de la médecine de famille et de la
médecine en région, la hausse des admissions n’aura pas les effets espérés sur
l’accès à la première ligne et l’accès aux soins en milieu rural pour les Québécois
et les Québécoises.

 

Vanessa Bisson-Gervais, déléguée aux affaires politiques
Victoria Blouin, présidente
Isabelle Tapp, vice-présidente

 

Au nom de la Fédération médicale étudiante du Québec

Les étudiants en médecine redoutent la hausse des admissions dans les facultés