{"id":1233,"date":"2020-11-19T06:08:38","date_gmt":"2020-11-19T05:08:38","guid":{"rendered":"https:\/\/fmeq.ca\/?page_id=1233"},"modified":"2021-02-01T04:52:02","modified_gmt":"2021-02-01T03:52:02","slug":"dre-helene-boisjoly","status":"publish","type":"page","link":"https:\/\/fmeq.ca\/journee-internationale-des-droits-des-femmes\/dre-helene-boisjoly\/","title":{"rendered":"Dre H\u00e9l\u00e8ne Boisjoly"},"content":{"rendered":"
C\u2019est en 1981 que la docteure Boisjoly termine sa r\u00e9sidence en ophtalmologie \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 de Sherbrooke. Elle se sp\u00e9cialise par la suite en recherche sur la corn\u00e9e au Massachusetts Eye and Ear Infirmary et au Schepens Eyes Research Institute, affili\u00e9 \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 Harvard. Quelques ann\u00e9es plus tard, elle obtient sa ma\u00eetrise en sant\u00e9 publique de l\u2019\u00c9cole en sant\u00e9 publique Bloomberg, \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 Johns Hopkins. Elle devient cheffe du d\u00e9partement d\u2019ophtalmologie de l\u2019H\u00f4pital Maisonneuve-Rosemont puis poursuit sa carri\u00e8re en devenant la premi\u00e8re directrice scientifique du R\u00e9seau de recherche en sant\u00e9 de la vision. En 2011, elle devient la premi\u00e8re femme \u00e0 occuper le poste de doyenne d\u2019une facult\u00e9 de m\u00e9decine au Qu\u00e9bec, poste qu\u2019elle occupera jusqu’en 2020. Elle assumera ensuite les fonctions de pr\u00e9sidente de l\u2019Association des facult\u00e9s de m\u00e9decine au Canada (AFMC). En 2018, la docteure Boisjoly devient membre de l\u2019Ordre du Canada.<\/em><\/p>\n La docteure Boisjoly a accept\u00e9 de nous accorder de son pr\u00e9cieux temps pour nous parler de ses exp\u00e9riences et nous partager les moments marquants de sa carri\u00e8re. Dans cette entrevue, nous voulions mettre en lumi\u00e8re son parcours professionnel en tant que femme, tout en allant chercher de sages conseils pour les futures g\u00e9n\u00e9rations de jeunes femmes qui veulent s\u2019engager socialement.<\/em><\/p>\n Vu toutes vos implications, votre impressionnante carri\u00e8re et votre poste de doyenne, comment le fait d\u2019\u00eatre une femme a-t-il influenc\u00e9 votre parcours professionnel?<\/strong><\/p>\n J\u2019ai tr\u00e8s souvent \u00e9t\u00e9 la seule femme autour de la table, donc cela m\u2019a sensibilis\u00e9e \u00e0 la diversit\u00e9 puisque je faisais moi-m\u00eame partie d\u2019une minorit\u00e9 pendant de nombreuses ann\u00e9es, bien que maintenant l\u2019on commence \u00e0 voir de plus en plus de femmes doyennes de m\u00e9decine au Canada. Le fait d\u2019\u00eatre une femme, bien que ce soit un peu vrai pour les hommes aussi maintenant, am\u00e8ne le d\u00e9fi de concilier le travail et la famille. Devant g\u00e9rer les diff\u00e9rentes dimensions d\u2019\u00eatre une femme, une m\u00e8re, une chercheuse, une professeure, je pense que cela m\u2019a aid\u00e9 \u00e0 d\u00e9velopper un sens de l\u2019organisation et de la gestion qui m\u2019ont probablement aid\u00e9 pour devenir et agir comme doyenne aujourd\u2019hui.<\/p>\n Quels ont \u00e9t\u00e9 les plus grands d\u00e9fis de carri\u00e8re? Comment les avez-vous surmont\u00e9s?<\/strong><\/p>\n C\u2019est probablement assez fr\u00e9quent chez les femmes d\u2019avoir comme d\u00e9fi de croire en soi, car les femmes ont souvent l\u2019impression de devoir en faire plus pour \u00eatre vraiment comp\u00e9tentes. Je dirais donc que le plus difficile a \u00e9t\u00e9 d\u2019accepter mon destin. Cela m\u2019a pris quelques ann\u00e9es pour r\u00e9aliser que j\u2019\u00e9tais vraiment une chercheuse et une m\u00e9decin, et cela fait bient\u00f4t 9 ans que je suis doyenne, mais il n\u2019y a que depuis 2-3 ans que j\u2019int\u00e8gre enti\u00e8rement ce fait. Donc, une difficult\u00e9 aura \u00e9t\u00e9 de prendre plus de temps qu\u2019il n\u2019en aurait fallu pour assumer mon titre, donc de surmonter le syndrome de l\u2019imposteur, cette forme d\u2019humilit\u00e9 que l\u2019on retrouve souvent chez les femmes. Je souhaite aux femmes que cette p\u00e9riode dure moins longtemps pour elles.<\/p>\n Qu\u2019est-ce qui vous a men\u00e9 \u00e0 assumer votre titre? Y a-t-il eu un \u00e9v\u00e8nement marquant?<\/strong><\/p>\n Quand j\u2019ai constat\u00e9 que j\u2019avais du succ\u00e8s, que je r\u00e9ussissais \u00e0 accomplir des choses \u00e0 titre de doyenne, comme la constitution d\u2019une bonne \u00e9quipe, la reconfiguration des sciences fondamentales, des changements sur le plan de la gouvernance. Quand j\u2019ai constat\u00e9 le r\u00e9sultat de ces actions, j\u2019ai port\u00e9 un regard diff\u00e9rent sur mes accomplissements. Cela me rend fi\u00e8re, comme lorsque j\u2019\u00e9tais chercheuse et que j\u2019avais l\u2019occasion de publier mes d\u00e9couvertes et mes observations. Je regarde les jeunes comme vous, et je vous trouve formidables, bien meilleurs que ce que j\u2019\u00e9tais. Je n\u2019ai donc pas du tout d\u2019inqui\u00e9tude quant \u00e0 la rel\u00e8ve, surtout chez les filles que je trouve tr\u00e8s impressionnantes et beaucoup plus s\u00fbres d\u2019elles que les femmes de mon \u00e9poque qui \u00e9taient bien diff\u00e9rentes d\u2019aujourd\u2019hui.<\/p>\n Qu\u2019est-ce que repr\u00e9sente pour vous le fait d\u2019\u00eatre la premi\u00e8re femme doyenne de la facult\u00e9 de m\u00e9decine de Montr\u00e9al?<\/strong><\/p>\n Cela m\u2019est arriv\u00e9 tr\u00e8s souvent d\u2019\u00eatre la premi\u00e8re femme dans diverses sph\u00e8res de ma vie. J\u2019ai \u00e9t\u00e9 la premi\u00e8re chercheuse ophtalmologiste reconnue par le Fonds de recherche en sant\u00e9 du Qu\u00e9bec et j\u2019ai \u00e9t\u00e9 la premi\u00e8re directrice d\u2019un d\u00e9partement universitaire en ophtalmologie au Canada. J\u2019ai donc eu plusieurs premi\u00e8res, et c\u2019\u00e9tait un privil\u00e8ge \u00e0 chaque fois. C\u2019est un grand honneur et une grande fiert\u00e9 d\u2019\u00eatre doyenne et de diriger une facult\u00e9 de m\u00e9decine, mais c\u2019est aussi une tr\u00e8s grande responsabilit\u00e9. Comme je suis la premi\u00e8re femme, je sens une certaine responsabilit\u00e9 de r\u00e9ussir pour moi, et aussi pour celles qui suivront apr\u00e8s moi.<\/p>\n Comment pensez-vous avoir contribu\u00e9 \u00e0 changer les mentalit\u00e9s concernant le leadership des femmes et comment est-ce que vous pensez avoir pu aider la carri\u00e8re d\u2019autres femmes scientifiques?\u00a0<\/strong><\/p>\n Dans ma carri\u00e8re, j\u2019ai c\u00f4toy\u00e9 un tr\u00e8s grand nombre d\u2019\u00e9tudiants, que ce soit des \u00e9tudiants en ophtalmologie, \u00e0 la ma\u00eetrise, au doctorat ou de jeunes chercheurs. Je n\u2019ai jamais fait de discrimination positive. J\u2019ai toujours cru que je n\u2019\u00e9tais pas mieux qu\u2019un homme, mais que j\u2019\u00e9tais aussi comp\u00e9tente que lui. \u00c0 qualit\u00e9 \u00e9gale, j\u2019ai vu beaucoup de talent chez les femmes qui se distinguaient, certes en m\u00e9decine, mais aussi niveau du leadership.<\/p>\n Ce que j\u2019observe depuis 20-25 ans, c\u2019est que pour les femmes, le passage de la quarantaine fait en sorte que beaucoup d\u2019entre elles abandonnent leurs r\u00eaves. C\u2019est un moment difficile. Souvent, les couples revoient leur p\u00e9rennit\u00e9 dans un contexte o\u00f9 il y a une jeune carri\u00e8re en jeu avec la vie de famille qui comprend toutes sortes de sources de stress. Malheureusement, je vois beaucoup de femmes au milieu de la quarantaine qui vont prendre la d\u00e9cision de mettre de c\u00f4t\u00e9 certains de leurs r\u00eaves pour r\u00e9ussir \u00e0 \u00e9quilibrer leur milieu de vie. On voit des femmes \u00e0 des niveaux tr\u00e8s \u00e9lev\u00e9s de la hi\u00e9rarchie universitaire, mais beaucoup moins dans des postes de direction interm\u00e9diaire de d\u00e9partement. On devient directeur de d\u00e9partement entre 45 et 50 ans et c\u2019est souvent un moment o\u00f9 des femmes ont arr\u00eat\u00e9 le d\u00e9veloppement de leur carri\u00e8re professionnelle au profit de la famille et du travail habituel. Je crois que dans notre soci\u00e9t\u00e9, les femmes plus exp\u00e9riment\u00e9es ont un r\u00f4le de mentorat \u00e0 jouer aupr\u00e8s des plus jeunes. Il faut leur porter une attention particuli\u00e8re.<\/p>\n Je vois plusieurs femmes qui r\u00e9ussissent tr\u00e8s bien, donc je ne suis pas inqui\u00e8te pour l\u2019avenir. Comme d\u2019autres femmes et hommes \u2013 ce qui est important \u00e0 souligner, car il y a plusieurs hommes qui ont cru en moi et qui m\u2019ont soutenu que ce soit dans ma famille ou dans mes \u00e9tudes \u2013 je pense avoir contribu\u00e9 en \u00e9tant un mod\u00e8le de r\u00f4le. Une femme qui a \u00ab l\u2019air d\u2019une femme \u00bb, qui a une famille, \u00e7a doit donc \u00eatre faisable! C\u2019est donc en \u00e9tant une r\u00e9f\u00e9rence qui r\u00e9ussit que je pense avoir contribu\u00e9 \u00e0 mener les gens \u00e0 faire des choses semblables.<\/p>\n Lors de vos \u00e9tudes aux \u00c9tats-Unis, avez-vous senti une diff\u00e9rence concernant la place de la femme dans le milieu m\u00e9dical?<\/strong><\/p>\n Au Canada et au Qu\u00e9bec en particulier, les femmes sont beaucoup plus autonomes et ont un r\u00f4le plus \u00e9gal par rapport aux hommes. On peut le voir simplement avec le nom de famille. Au Qu\u00e9bec, cela fait plusieurs d\u00e9cennies que les femmes gardent leur nom de famille, mais pas aux \u00c9tats-Unis. Le cong\u00e9 de maternit\u00e9 participe aussi beaucoup \u00e0 cr\u00e9er un environnement favorable \u00e0 l\u2019\u00e9galit\u00e9 au Canada. En mati\u00e8re d\u2019\u00e9galit\u00e9, nous nous comparons beaucoup plus aux pays scandinaves.<\/p>\n Avez-vous des projets en cours ou de futures id\u00e9es de projets?<\/strong><\/p>\n Je poss\u00e8de \u00e9galement une formation en sant\u00e9 publique et au cours des derni\u00e8res ann\u00e9es, comme doyenne, je me suis de plus en plus impliqu\u00e9e dans la sant\u00e9 durable et mondiale. J\u2019ai des projets sur l\u2019\u00e9cosant\u00e9 et l\u2019\u00e9quilibre de vie. Le but est de promouvoir la sant\u00e9 pour diminuer le nombre d\u2019interventions et de prescriptions m\u00e9dicales n\u00e9cessaires dans le monde.<\/p>\n Pour terminer, quels conseils d\u00e9sirez-vous donner aux futures g\u00e9n\u00e9rations de femmes qui d\u00e9sirent s\u2019engager socialement?<\/strong><\/p>\n J\u2019encourage les jeunes \u00e0 \u00eatre tr\u00e8s d\u00e9di\u00e9s \u00e0 ce qu\u2019ils font dans le moment pr\u00e9sent. Oui, il faut avoir certaines ambitions pr\u00e9d\u00e9finies, mais il y a tellement de choses qui peuvent nous arriver dans la vie. Parfois, alors qu\u2019on pensait aller vers un certain horizon, c\u2019est plut\u00f4t la somme des \u00e9tapes et des r\u00e9ussites qui vont nous amener \u00e0 exceller. Il faut \u00e9couter sa petite voix int\u00e9rieure. C\u2019est avec elle que nous sentons qu\u2019un type de travail ou d\u2019environnement ne nous convient pas. Ce n\u2019est pas grave de faire une erreur, ce qui est grave, c\u2019est de pers\u00e9v\u00e9rer dans l\u2019erreur m\u00eame quand on la reconna\u00eet. Il faut \u00eatre soi-m\u00eame et authentique.<\/p>\n Dans cette entrevue, la docteure Boisjoly pr\u00f4ne un \u00e9quilibre de vie qui permet l\u2019accomplissement professionnel et la r\u00e9alisation de ses r\u00eaves. Elle nous rappelle qu\u2019il ne faut jamais les oublier au cours de notre vie. Il nous faudra nous \u00e9couter nous-m\u00eames et prendre comme mod\u00e8le les femmes fortes d\u2019aujourd\u2019hui pour devenir celles de demain.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" C\u2019est en 1981 que la docteure Boisjoly termine sa r\u00e9sidence en ophtalmologie \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 de Sherbrooke. 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